Dès 1793, alors que la guerre intérieure et extérieure fait rage, des centaines de navires américains commencent à approvisionner Bordeaux en céréales, riz et denrées coloniales. En dépit des efforts des deux gouvernements, l’indépendance des Etats-Unis, reconnue dix ans plus tôt, n’a pas suscité un courant commercial significatif entre la France et l’Amérique du Nord. C’est donc bien les guerres révolutionnaires et la neutralité américaine qui donnent une impulsion fondamentale pour que les négociants du principal port français entrent en relation avec les armateurs américains. S’appuyant sur un large éventail de sources, souvent inédites, ce livre montre comment ils ont su éviter l’asphyxie du port girondin. Pour ce faire, il reconstitue les nouveaux courants d’échanges qui se mettent en place et le fonctionnement des réseaux marchands qui, du moins jusqu’en 1807, se jouent d’un conflit franco-britannique de plus en plus âpre, et du blocus continental.
Connu depuis longtemps, le "déclin" d'Enkhuizen n'avait jamais fait l'objet d'une enquête sur son contenu et ses implications. L'ouvrage met en lumière un certain nombre de phénomènes comme l'émergence d'une société de l'entre soi ou la contraction de l'espace urbain utile. Repliée sur elle-même, la ville se déleste de ses pauvres tandis que le patriciat s'enrichit grâce au commerce asiatique. Cette société urbaine bouleversée se réinvente par le biais d'une mémoire civique commune, destinée à combattre le sentiment de déclassement. Cependant, les marqueurs identitaires mis en avant sont instrumentalisés par l'oligarchie locale, afin justifier son maintien au pouvoir.
Cette relecture sociale et culturelle du déclin hollandais du XVIIIe siècle constitue une approche nouvelle, pour un objet d'histoire devenu classique. Enkhuizen connait davantage un déclassement et une restructuration, qu'un déclin absolu et irrémédiable. L'enquête, inédite, s'appuie sur le dépouillement approfondi d'archives aux Pays-Bas. Elle vise également, par le biais de la bibliographie, à mettre à la disposition du lecteur français des informations et des concepts jusqu'ici largement inaccessibles aux non-néerlandophones .
« Le désavantage des colonies qui perdent la liberté de commerce est visiblement compensé par la protection de la Métropole qui les défend par ses armes ou les maintient par ses lois ». Cette phrase de Montesquieu résume les liens compliqués entre une métropole et ses colonies sous l’Ancien Régime. La prospérité apportée par les colonies devait être souvent défendue avec acharnement L’époque en effet était troublée, puisque de 1688 à 1815, la France et la Grande-Bretagne ne s’affrontèrent pas moins de sept fois dans des conflits qui eurent des répercussions sans cesse plus importantes outre-mer. Les noms de Fort Royal, Québec, Port-au-Prince, Saint-Louis, la Nouvelle-Orléans ou Pondichéry sonnent encore aujourd’hui dans les mémoires comme autant de réalisations ambitieuses de la monarchie au temps du premier empire colonial qui fut ardemment défendu par des soldats qui portèrent dès l’époque de Louis XV une ancre d’or comme signe distinctif. Résultat de recherches originales dans différents fonds d’archives, cet ouvrage est la version remaniée d’une thèse de doctorat soutenue en 2007. Des compagnies détachées aux régiments coloniaux, l’aventure de ces soldats au temps de la Nouvelle-France et des Îles demeure singulière et mal connue et méritait qu’on lui consacre une véritable étude.
Ce livre montre l’évolution de la mise en défense militaire des espaces coloniaux, des débuts de l’époque moderne à l’âge atomique. Partant d’études de cas ou analysant plus globalement cette projection militaire, il apporte des éléments pour penser l’émergence d’un « système de défense atlantique ». Loin de suivre des trajectoires uniquement nationales, ce déploiement est intelligible à l’aune de la circulation de l’information militaire, des modèles défensifs et par l’interprétation et la pondération des différents transferts techniques entre les espaces coloniaux.
Bien
que plus récent que la Compagnie des Indes ou l'arsenal, le port de Keroman
n'est pas moins indissociable de l'identité lorientaise. Avec force
témoignages, les auteurs font revivre les développements et les crises qui ont
jalonné les cent dernières années. Ces tempêtes, que Lorient a su
surmonter, ont transformé ce qui n'était qu'un petit port de pêche en une cité
du poisson, carrefour international des produits de la mer.
Ainsi l'ambition de ce livre n'est pas seulement locale. A travers l'histoire
de Keroman, c'est toute l'évolution de la pêche professionnelle au XXe siècle
qui est rappelée et étudiée. Celle qui fait de Lorient aujourd'hui l'un des
deux premiers ports de pêche français.
Les ports coloniaux ont reçu plusieurs formes et été investis de différentes fonctions, parfois spécialisées, parfois cumulatives : militaire, commercial, administrative, centre de transit des travailleurs déportés, etc. Pour ces diverses raisons, ils se sont imposés comme des lieux d’implantation privilégiés des Européens servant ou travaillant aux colonies. À bien des égards même, ils se sont imposés comme des espaces de centralité des empires en construction et en développement.
Paris, Les Indes Savantes, 2014, 541 p
Préface de Pr. Martine Acerra.
L’édification des flottes de guerres européennes de la période moderne a imposé une mobilisation de matières premières et ouvrées très éclectiques. Dans ce contexte, la France, comme ses homologues, a été contrainte de tisser et d’entretenir des réseaux d’approvisionnement capables de répondre à la moindre sollicitation des arsenaux. La reconstitution de cette armature économique, qui s’est imposée au royaume mais également à plusieurs régions d’Europe et à une partie de l’espace colonial, est l’objet de cet ouvrage.